Un cessez-le-feu de 12 heures entre Israël et le Hamas est entré en vigueur samedi dans l'enclave palestinienne dévastée de Gaza, après d'intenses efforts diplomatiques qui ont repris à Paris pour tenter d'obtenir une trêve durable au conflit qui a fait un millier de morts.
Quelques heures après le début d'application à 08H00 locales (05H00 GMT) de la trêve qui semblait tenir à la mi-journée, les Palestiniens sont retournés dans leurs quartiers dévastés où gisaient des cadavres et s'amoncelaient les énormes gravats.
Secouristes et journalistes découvraient aussi des scènes de désolation: rangs de maisons défoncées, éventrées, effondrées comme châteaux de cartes. Ca et là, des dépouilles noircies au milieu des ruines, ainsi que des traces de sang mêlées aux empreintes des chars israéliens.
Au moins 76 corps de Palestiniens ont été retirés des décombres après l'arrêt des hostilités, selon un bilan du porte-parole des urgences, Achraf al-Qodra.
Dans le secteur de Beit Hanoun, près de la frontière israélienne, l'hôpital a été à moitié détruit par le pilonnage israélien. Des correspondants de l'AFP y ont vu le corps d'un urgentiste du Croissant Rouge.
Les autorités du mouvement palestinien Hamas, qui contrôlent l'enclave palestinienne, ont déconseillé aux habitants déplacés -plus de 160.000, selon l'ONU-d'approcher des immeubles bombardés et des zones de combats de crainte d'engins non explosés ou piégés.
L'armée israélienne a elle aussi mis en garde les Gazaouis, les adjurant de ne pas retourner dans leur foyer.
La pause survient au 19e jour d'une guerre qui a déjà coûté la vie à 967 Palestiniens, en grande majorité des civils, à 39 Israéliens, dont 37 soldats, et à un ouvrier thaïlandais depuis le début le 8 juillet de l'opération aérienne israélienne étendue le 17 juillet à un assaut terrestre.
En outre quelque 6.000 Palestiniens ont été blessés, selon M. Qodra. Selon l'Unicef, au moins 192 enfants figurent parmi les morts palestiniens.
Dans la nuit, l'armée a confirmé, après le Hamas, qu'elle respecterait le bref cessez-le-feu, tout en prévenant qu'elle riposterait en cas d'attaque "terroriste" et continuerait à "localiser et neutraliser" les tunnels dont se servent les combattants palestiniens pour lancer des opérations en Israël.
Pour tenter de mettre fin au bain de sang, une réunion internationale a commencé à Paris en présence des ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, du Qatar, de Turquie et de plusieurs pays européens, à l'invitation du chef de la diplomatie française. Le Qatar et la Turquie sont des alliés du Hamas.
M. Kerry a assuré vendredi que "le cadre fondamental" d'un cessez-le-feu durable avait été fixé, évoquant des points de "terminologie" à régler.
Mais le cabinet de sécurité israélien présidé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ensuite rejeté à l'unanimité une proposition transmise par John Kerry pour une trêve de sept jours qui permettrait d'engager des négociations indirectes entre belligérants.
Selon les radios israéliennes, l'Etat hébreu juge les termes de l'offre trop favorables au Hamas, considéré comme une organisation "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
Malgré le cessez-le-feu, le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a appelé ses soldats à se tenir prêts à "un élargissement significatif des opérations terrestres".
Israël a fixé pour mission à son armée de détruire l'arsenal de roquettes du Hamas et de son allié, le Jihad islamique, ainsi que leur réseau de tunnels souterrains.
Après avoir rejeté le 15 juillet une mouture d'accord de trêve élaborée par l'Egypte, le Hamas a depuis répété qu'il exigeait dans le cadre de tout accord la levée du blocus israélien qui asphyxie depuis 2006 l'économie de ce minuscule territoire de 362 km2 où s'entassent dans la misère quelque 1,8 million de personnes.
Deux précédentes très brèves trêves avaient été instaurées, la première le 17 juillet dans l'ensemble de la bande de Gaza pour permettre aux habitants de se ravitailler, et la deuxième le 20 dans le seul secteur de Chajaya pour évacuer les victimes.
Avant le début de la trêve samedi, les hostilités se sont poursuivis jusque dans la nuit. Vingt personnes dont plusieurs d'une même famille, y compris des femmes et des enfants, ont été tués dans un raid à Khan Younès.
Deux soldats israéliens ont en outre péri dans les combats à Gaza, portant à 37 le nombre de militaires morts, les plus lourdes pertes pour l'armée depuis la guerre en 2006 contre le Hezbollah libanais. 138 étaient hospitalisés samedi, dont 9 dans un état grave, ainsi que trois civils.
Israël affirme avoir tué 240 combattants du Hamas depuis l'assaut terrestre mais n'en a pas pour autant réussi à stopper les tirs des roquettes, même s'ils ont diminué d'intensité.
Ce conflit, le quatrième depuis le retrait unilatéral d'Israël de Gaza en 2005, menace de s'étendre à la Cisjordanie occupée où les heurts quotidiens entre Palestiniens dénonçant l'offensive à Gaza et les forces israéliennes rappellent les scènes des deux précédentes intifadas (soulèvements) de 1987-1991 et 2000-2005. Ces dernières 24 heures, huit Palestiniens y ont péri.
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